Histoires et légendes de Provence

La Provence fût de tout temps un lieu de passage obligé entre l'Italie et l'Espagne; elle était aussi le chemin de la Germanie profonde et de ses îles du nord, tout y restant ouverte sur la Gaule Celtique.

Le long de son littoral cheminèrent les marchands qui suivaient la côte jusqu'en Iberie .Parfois ils la  quittaient à Fréjus pour rejoindre la vallée du Rhône , par où circulait alors l'étain...

......Et avec les marchandises se colportaient des histoires et légendes......

La Reine sage*

(Jeanne de Naples comtesse de Provence)

La reine Jeanne est avec le roi René le seul souverain de Provence qui ait laissé un souvenir ému et tenace dans la mémoire collective des Provençaux. Mais alors que les légendes accordées au roi René sont d'origine savante et littéraire, celles qui concernent la reine Jeanne appartiennent vraiment au folklore.

On retrouve son souvenir et la trace de ses aventures dans d'innombrables villages, comme si la moindre vallée tenait à se rassurer que cette royale patronne les avait honoré de son passage.

Vénéré partout à l'égal d'une sainte, on lui accorde tous les rôles.On la confondait avec la Papesse Jeanne et avec l épouse du roi René.  On va même jusqu'à l'identifier avec la reine de Saba, car elle était nommée en provençal:"la reina Sabo" o "reine sage", et c'est ainsi qu'elle apparaît se rendant au palais de Salomon dans le cortège des jeux de la fête -Dieu à Aix. 

L' histoire de la reine Jeanne est réellement faite de tragique et de merveilleux.

Reine de Naples, elle avait succédé à Robert d'Anjou et épouse son coussin André d'Hongrie  qu'elle fit assassiner deux ans plus tard pour, dit-on, se marier avec son complice Louis de Tarente. Mais son beau- frère Louis d'Hongrie la poursuivit et l'obligea à quitter Naples pour se réfugier en cette Provence qu'elle avait reçu en héritage. . C'était en 1348, alors que le pays  était ravagé par la peste: les  seigneurs qui s'entendaient secrètement avec Louis, la retinrent  prisonnière au château Arnaud à Aix.

Réhabilité par le Saint-Siège à qui elle vendit pour 80000 florins d'or la ville d'Avignon et le comtat Venaissin, la reine Jeanne retourne dans ses états napolitains.

Sa vie, commence dans le crime  et se termine dans  les supplices.

Charles Duras qu'elle avait choisi comme héritier la fit étouffer entre deux matelas le 22 mai 1382. La reine ne reste en Provence que quelques mois, et en captivité...Il est donc très difficile à expliquer l'amour extrême que lui portent les Provençaux.

César de Nostredame écrit: "Elle fût douce, de si grandes qualités, vertus et perfections qu'on l'estimait plutôt divine qu'humaine et la plus accomplie des princesses de la terre".

Fernand Benoît dit: "C'est le récit de ses malheurs qui a produit autour de son nom une sorte de cristallisation de la légende qui symbolise le goût du peuple pour les heroines lointaines, les fait divers sentimentaux et les contes de fées".                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                        *source: Contes de Provence 

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